Reconversion en décoration & architecture d’intérieur

Nombreux sont ceux qui ont pris une voie parce qu’à ce moment elle semblait logique. Mais aujourd’hui, on a besoin de plus, de découvrir, et d’apprendre de domaines loin de celui de départ. L’architecture d’intérieur et la décoration est un domaine très prisé pour les personnes en reconversion !

Pour ma part, je ne sors pas du lot : anciennement Broker en Finance à Paris, je suis aujourd’hui à la tête de mon entreprise en architecture d’intérieur à Lisbonne.

A quoi sert un décorateur ou architecte d’intérieur ? Quels sont les outils à maitriser ? Doit-on nécessairement faire une formation ? …
Autant de questions auxquelles je vais essayer de répondre au mieux de par ma propre expérience.

 

1.       Pourquoi fait-on appel à un décorateur / architecte d’intérieur ?

Cette question semble pour certains évidentes. J’ai pourtant bon nombre d’amis qui m’ont posé cette question : pourquoi faire appel à un décorateur alors que je peux décorer mon intérieur moi-même ?

Il faut alors distinguer les typologies de projets pour comprendre les différents besoins :

A.      Les projets particuliers : Maison, Appartement, Loft…

Chacun a sa petite âme de décorateur, certains aiment plus que d’autres chiner, se perdre sur les sites de déco, fabriquer du DIY de ses mains… mais ce qui est sûr c’est que pour la majorité, il n’y a pas matière à faire appel à un décorateur ou architecte d’intérieur pour acheter un canapé et 4 coussins.

Alors quels avantages à passer par un professionnel ?

Et bien ils sont en fait multiples. Tout d’abord un professionnel ne « chine » pas des pièces de mobilier une par une, il étudie le projet dans son ensemble pour créer une harmonie, que ce soit au niveau des volumes, des matières ou des couleurs. Cette harmonie passe par l’apprentissage de règles de bases, comme l’association des couleurs, le jeu des volumes ou encore la prise de mesures de site. Mais surtout, cela passe par le dessin !

Il peut être fait à la main ou sur logiciel 3D, mais le dessin est essentiel pour bien visualiser l’ensemble du projet et être juste notamment au niveau des volumes de chaque meuble.

Autre avantage : le professionnel va pouvoir gérer les commandes et permettre à son client de s’installer dans un intérieur directement confortable. C’est donc un gain de temps énorme !

Enfin, le point généralement bloquant est le budget : la plupart des gens ne se voient pas investir dans un professionnel de la décoration alors que la mission est en principe à tous. En fait, cela dépend du budget mobilier global et du statut du professionnel. En effet si un indépendant (auto-entrepreneur) a accès aux mêmes prix que les particuliers, les structures plus importantes (SAS, SARL, …) auront-elles accès chez la plupart des marques à des ristournes ou commissions. Celle-ci peut au choix être reversée au client comme ristourne, ou conservée par le professionnel. Ainsi, le client peut tout aussi bien s’y retrouver rapidement si la ristourne lui est reversée. Cela peut vite se transformer en économie plutôt qu’un cout supplémentaire !

Enfin, il est bien entendu que dans ce type de projet, le client est souvent parti prenante des choix de mobilier, des coloris, des ambiances. C’est pour cela que le décorateur va avant tout essayer de comprendre le besoin du client, et de proposer en avant-première une planche tendance qui viendra confirmer la compréhension. Le client pourra aussi tout aussi bien accompagner le professionnel dans les visites chez les fabricants et marques sélectionnées, c’est à lui de définir son taux de participation ! Et d’ajouter par la suite sa petite touche perso’

B.      Les projets d’investissement locatif

L’investissement locatif est généralement moins personnel, et si on veut donner une touche authentique, il faut garder en tête que le bien doit plaire au plus grand nombre. Il y a aussi moins la notion de « coup de cœur », le budget déco doit être cohérent avec le standing du lieu.

Quoi de mieux qu’un professionnel pour faire ce travail de recherche pour dénicher matériaux et meubles cohérent, design et respectant le budget du projet.

De plus, nombre d’investisseurs n’habitent pas forcément à côté du bien et le besoin de gestion du chantier et des commandes est essentiel.

C.      Les projets professionnels : Restaurant, Bureau, Salon de coiffure, Salle de Yoga …

Pour ces projets-là, il y a une évidence en plus : l’entrepreneur qui mène son projet a déjà mille et une chose à penser pour lancer son activité. La décoration d’un lieu public est pourtant primordiale pour inviter les clients à découvrir le lieu et surtout s’y sente comme chez lui (mais en mieux :b).

 

En Bref, quelque soit le type de projet nous (professionnels décorateurs ou architectes d’intérieurs) avons toute notre place. Mais bien sur…c’est le client qu’il faut convaincre 😉

 

2.       Quels sont les outils à connaître ? Doit-on passer par une formation ?

A l’instar du métier d’architecte pur, le décorateur n’a en fait pas besoin légalement d’avoir fait une formation pour exercer son métier. Cependant, pour l’exercer correctement il doit pouvoir maitriser un certain nombre de notions et d’outils.

A.      Le Dessin

Tout d’abord, le dessin. Si le dessin à la main est à la base du métier, aujourd’hui 99% des professionnels ne dessinent plus que sur logiciel 3D. Cela a effectivement des avantages certains : nous pouvons modifier les dessins rapidement sans reprendre l’ensemble de 0, et cela permet également de montrer le projet sous tous ses angles sans passer des heures et heures avec ses crayons. Si vous souhaitez être indépendant, à vous de choisir comment vous souhaitez présenter vos projets à vos clients.

Cependant si vous souhaitez intégrer un cabinet d’architecture ou de décoration, il est peu probable que vous soyez recruté sans maitriser les logiciels 3D les plus courants : Sketchup 3D, AutoCad 2D, Rhinocéros, … vous n’avez pas besoin de tous les connaître mais à minima d’en maitriser 1 ou 2, car cela vous permettra de comprendre la logique de ces logiciels de manière plus générale et d’apprendre rapidement si l’entreprise qui vous recrute travaille sur un autre logiciel.

Crédit : Studio Bisson

Enfin si vous ne faites pas de dessin à la main, il est quand même préférable d’avoir les notions de perspectives. Cela vous aidera pour les dessins 3D mais également à mieux visualiser votre projet. Et si cela vous plait, n’hésitez pas en complément des 3D à montrer des dessins ou aquarelles faites à la main car l’effet WoW est toujours imparable !

Vous pouvez également associer 3D sur logiciel et dessin via une tablette à dessin et des outils comme Procreate.

B.      Les Bases du design d’intérieur

Que ce soit via une formation officielle ou de par votre curiosité, il faut à tout prix se renseigner sur les règles de colorimétrie, d’association de matières et couleurs mais également de connaître l’histoire du design et les règlementations liées à la construction.

Cela va vous permettre notamment de partir d’une base solide, et vous inviter justement à casser ces codes pour créer quelque chose de novateur.

Voici quelques idées en vrac de règles à connaitre :

-          Pas plus de 3 couleurs dans une pièce avec 1 ou 2 principales et la 3ème par touche

-          Comment équilibrer les volumes grâce à la lumière, grâce à l’application de papier peint, grâce aux matériaux, etc.

-          Les dimensions classiques des murs, des portes, des hauteurs de table, de bar, de lit, les dimensions d’un dressing, etc. (cf. article)

-          Les formules pour la conception d’escalier (voir notre article : concevoir un escalier)

-          Les règles liées à la conception de cuisine (espacement entre les points d’eau et les appareils électriques, dimensions classiques des modules de cuisines, …)

-          Comment utiliser la lumière naturelle et artificielle (cf. article)

-          La règlementation pour les lieux professionnels, notamment pour les règlementations des accès pour handicapés.

-          Les pentes nécessaires pour les tuyaux d’évacuation. Cela vous permettra de proposer un projet réaliste si vous souhaitez déplacer les WC, salles d’eau ou cuisine.

Ce n’est bien sûr pas une liste exhaustive, mais ces recherches peuvent déjà pour permettre d’avoir une base sur laquelle appuyer votre professionnalisme.

C.      Les tendances

Comme dans le monde de la mode, la décoration a ses tendances et pour ne pas être en décalage il faut se tenir informé en continu via les Blogs, les salons (à ne pas manquer les incontournables Milan Design Week et Paris Design Week) et même la mode ! Et oui, les tendances de la décoration ne sont en fait que des calques des tendances vestimentaires. Alors si vous souhaitez être avant-gardiste, c’est la mode qu’il vous faut suivre.

Il est aussi très intéressant de suivre l’évolution de ses compères, mais également des créateurs, designers en herbe, artisans ou tout autre professionnel qui pourrait avoir un rôle dans vos projets de décoration d’intérieur.

En résumé, rien ne vous empêche de vous lancer sans formation, mais il vous faudra alors une bonne dose de curiosité et de détermination. Aussi, si vous n’êtes pas un as et autodidacte de l’informatique, une petite formation annexe sur les logiciels 3D semble un incontournable.

Un dernier point qui me semble important : si ce n’est pas une obligation, sans expérience, la formation vous sera en générale demandée par le recruteur qui a besoin de s’appuyer sur quelque chose. A moins que vous ayez pour projet de vous lancer en indépendant ou que vous ayez l’opportunité d’avoir des projets à réaliser via vos contacts actuels, la formation est fortement conseillée pour intégrer le milieu professionnel.

@designboom
Design Week Milano 2023

 

3.       Comment se démarquer de la concurrence ?

Le domaine de la décoration d’intérieur est devenu si attractif que la concurrence est rude, que vous souhaitiez intégrer un cabinet ou lancer votre propre business, il vous faut trouver le filon pour vous démarquer. Pour cela j’aurais 2 conseils à partager :

A.      Communiquer, communiquer, communiquer

Ce milieu est plus sensible aux visuels qu’aux CV classiques. Vous pouvez donc communiquer votre book, mais celui-ci reste en général très succinct, je conseillerais donc de lancer au plus tôt (et même dès le début de votre formation si vous en faites une), une page dédiée sur les réseaux sociaux. Vous pouvez y montrer régulièrement ce que vous créez mais vous pouvez également proposer des inspirations qui vous parlent, des conseils déco, et tout ce que vous apprenez sur le sujet. Cela va permettre aux recruteurs et/ou aux futurs clients de comprendre votre monde, et ce à quoi vous êtes sensibles.

 

B.      Choisir son domaine d’expertise

C’est bien sur un avis très personnel, car lorsque nous sommes bien formés aux différentes tendances et aspects techniques de la décoration et de l’architecture, nous sommes capables d’à peu près tout faire. Mais le client (ou le recruteur) va vous choisir quelque chose de précis : votre expertise dans un domaine précis comme l’optimisation de petits espaces, les jeux de lumière, un style marqué…

Le fait de vous positionner sur un domaine en particulier va non seulement vous permettre d’attirer des clients mais également de travailler sur des projets qui vous parlent et que vous ferez avec passion.

C.      Construire son réseau de partenaires

Ce n’est pas un secret, en architecture d’intérieur, le nerf de la guerre ce sont les intervenants (peintres, menuisiers, plombiers, etc.) avec qui nous travaillons. Le travail bien fait et le respect des délais sont les 2 aspects que nous devons maitriser sur un projet alors que dans les faits nous ne sommes pas vraiment maitres de la situation. Si vous arrivez à vous construire un réseau avec des personnes en qui vous avez confiance et qui respectent ces 2 points alors vous pourrez vous concentrer sur l’essentiel : créer et évoluer.

Pour cela, pas de secret, aller à leur rencontre, demandez à visiter leurs chantiers, multipliez les rendez-vous et discutez de vos projets avec eux. Cela permettra en plus de vous perfectionner et éviter de proposer des projets qui ne sont techniquement pas réalisables.

 

4.       Architecture et décoration : les phases d’un projet

L’architecture et la décoration sont des métiers attractifs, et pourtant, beaucoup font face à des désillusions dès les premiers projets. On s’imagine en effet passer notre temps dans les magasins à faire du shopping, mais la réalité est souvent tout autre. Je vous propose donc un aperçu des étapes d’un projet afin de bien visualiser le travail à fournir en arrière-plan.

A.      Comprendre et confirmer le besoin du client avec lui

On ne se lance pas dans un projet sans avoir bien défini le souhait du client, que ce soit niveau budget, style, ou contraintes du lieu. Aussi plus vous en saurez sur l’univers de votre client, son travail, son mode de vie, son objectif pour le projet, les délais exigés, etc. et plus vous serez efficace.

Pour le lieu, soit votre client a un plan côté à vous fournir, à défaut, prenez le temps de prendre l’ensemble des mesures de l’ensemble des pièces. Dans les 2 cas, avec l’accord de votre client, prenez des photos et vidéos du lieu dans son intégralité. L’idée est de scanner le lieu dans chacun de ses recoins en notant bien les détails (prises, tailles des plinthes, arrivées électriques, position du tableau électrique et chauffe-eau…).

Cette phase se conclue par une présentation avec une planche tendance qui regroupe le style compris, les coloris et les matériaux, tout en tenant compte de la faisabilité dans l’espace. J’aime d’ailleurs dans cette présentation résumer toutes les contraintes du projet.

Crédit photo : @studio.bisson
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B.      Le dessin

Une fois le besoin confirmé (par le client), vient la phase de dessin. Pour ma part, j’utilise Sketchup, qui bien maitrisé, est largement suffisant pour les projets de décoration et/ou architecture d‘intérieur. On commence donc par construire la base : monter les murs pour bien avoir conscience des volumes et appliquer les matériaux de recouvrement (sols, peintures, …). Si la distribution des pièces est à modifier, alors faites ce travail en amont en 2D plan proposer le nouveau plan de distribution, et une fois validé avec le client, passez-le en 3D.

Appliquez ensuite les mobiliers principaux, cela va permettre d’identifier les volumes de chaque mobilier (notamment la table à manger, le canapé, les tailles des lits, etc.).

Complétez votre présentation destinée au client avec des visuels 3D. Il va y découvrir l’espace, les matériaux et l’ambiance générale.

C.      Faisabilité des travaux

Votre proposition plaît, il reste à la mettre en œuvre. Les entrepreneurs et intervenants ont généralement un carnet de commande déjà bien rempli. Le mieux est donc de lancer les demandes de devis au plus tôt pour les travaux principaux. Aussi cela permettra de voir quel budget il nous reste pour l’ameublement.

D.      La Shopping-List

A ce niveau-là vous pouvez lister l’ensemble des mobiliers nécessaires avec les principales mesures et lancer vos recherches. Selon le budget défini, identifiez les marques et le standing à viser.

Mon conseil pour la shopping-List est laisser du choix au client mais uniquement sur certaines pièces. Cela permet au client de ne pas se perdre tout en l’impliquant dans son projet.

Enfin, vous avez le choix de montrer les prix de chaque meuble à votre client, cela laisse plus de latitude aux coups de cœur et à la flexibilité qu’il peut donner au budget global. Si c’est le cas n’oubliez pas de mentionner que les frais de transport ne sont pas inclus. Il faudra d’ailleurs penser à garder une part du budget pour ces derniers.

Complétez votre 3D en ajustant les meubles avec ceux choisi spécifiquement. Pour cela, certaines marques mettent à disposition les 3D sur leur site, pour les autres vous pouvez leur demander directement.

Comme en fin de chaque phase, mettez à jour votre présentation et transmettez à votre client pour validation.

E.       Validation du budget

Vous avez maintenant toutes les infos pour confirmer le budget global. Sortez votre tableau Excel et détaillez chaque meuble, les taxes, les frais de livraison, les devis de travaux etc.

Envoyez au client pour validation avant de lancer les commandes !

F.       Suivi de chantier

Les commandes lancées et les travaux validés, le suivi de chantier est une phase des plus stressante car peu maitrisable. Il va valoir gérer les différents intervenants, les délais, les éventuels retards, surprises en tout genre.

Afin de préparer un maximum votre suivi, faites un rétroplanning des différentes étapes. Vous pouvez ou non le partager avec le client.

 

Crédits photos : @studio.bisson

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Conclusion :

Nous avons parcouru ici les principaux aspects du métier. Si vous lancez votre propre business, il faudra combiner toutes ces connaissances et technicités avec celles d’un entrepreneur : soit la comptabilité, la législation, la communication, le management, etc. Pour cela n’hésitez pas à aller aux meetings d’entrepreneurs en tout genre, prenez leurs conseils pour gagner du temps. Et surtout retenez cette règle : n’attendez pas d’avoir un projet parfait pour vous lancer, vous apprendrez en chemin, ou vous risquerez de ne jamais vous lancer. On compare d’ailleurs souvent l’entreprenariat avec le fait de sauter d’un avion sans parachute.

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