Tout savoir sur le Shou-sugi-ban ou l’art du bois brûlé

Avez-vous déjà été interpellés par des façades en bois noirci ? Aujourd’hui, on se focalise sur une technique ancestrale qui revient petit à petit à la mode.

La technique du bois brûlé, c’est une solution écologique, durable, et à l’esthétique unique avec différentes finitions pour un jeu de textures. Alors vous êtes intrigués?

 

L’origine du Shou-Sugi-Ban, une technique ancestrale

 

De plus en plus répandue en France, la technique du bois brûlé, appelée également « Shou Sugi Ban » ou encore Yakisugi est utilisée principalement sur les façades des bâtiments. Mais revenons à l’origine même de cette pratique qui nous vient tout droit du Japon. 

Outre l'aspect esthétique, c’est avant tout une méthode ancestrale qui consiste à brûler la surface du bois pour le protéger et magnifier ses imperfections naturelles. Elle est pratiquée depuis des siècles et s'inscrit dans la philosophie Wabi-Sabi.

À l’origine, le Shou Sugi Ban était utilisé afin de protéger les habitations nippones lors de tempêtes ou de pluies torrentielles. En effet, comme dans les villes d’Europe, les maisons japonaises étaient majoritairement construites en bois. Cela favorisait la propagation d’incendies gigantesques comme ceux qui ravagèrent l’ancienne capitale du Japon : Edo.

Ces incendies urbains étaient de vraies calamités, très redoutées par les habitants. Les japonais ont donc pris l’habitude à cette époque de brûler les bardages de cèdre qu’ils employaient pour leurs façades afin de prévenir de ces événements tragiques. D’autant plus qu’ils étaient assez fréquents (85 incendies au total sur la ville d’Edo). Ces embrasements ont eu par la suite un fort impact sur l'urbanisation d’Edo (Tokyo) et la reconstruction de la ville

L’histoire du Shou Sugi Ban
Crédit photo : @Tokyo Metropolitan Foundation for History and Culture

 

Mais pourquoi et comment le brûler ? On vous en dit plus sur ce procédé qui nous fascine !

 

Le procédé du bois brûlé 

 

N’ayez pas peur, le Yakisugi est un procédé très simple. Notre architecte Nathalie a même expérimenté cette pratique. Essayez, je suis sûr que vous allez adorer ça ! 

Et pour ce faire on peut s'y prendre de différentes manières en fonction du type de bois, de son épaisseur, et du rendu voulu. Mais d'abord voyons ensemble très rapidement les deux principales techniques et leurs outils : 

La technique traditionelle :

La technique traditionnelle est celle qui était employée il y a bien des années au Japon et qui consiste à créer un tube triangulaire à l’aide de 3 planches de bois. Une fois cette étape réalisée, l’artisan va insérer le feu dans cette cheminée en laissant passer de l’oxygène pour accentuer l’effet de combustion. Par la suite, il faut étaler les planches de cèdre, les frotter à l’aide d’une brosse pour enlever les impuretés et asperger d’eau afin de stopper la carbonisation. 

La technique traditionnelle du bois brûlé
Crédit photos :  @Hopfab

La technique moderne :

Brûler le bois à l’aide d’un chalumeau en veillant à être régulier dans le brûlage pour obtenir une teinte et un effet homogène. À l’aide d’une brosse, les résidus de carbonisation sont retirés, puis le matériau est arrosé avec de l’eau. Une fois la planche sèche, il suffit d’appliquer une huile naturelle qui scelle les pores et offre une belle finition. La nature du bois et la manière de le brûler lui donneront une teinte particulière, variant du gris au noir ébène (méthode utilisée par Nathalie).

Technique du bois brûlé au chalumeau

La technique moderne du bois brûlé au chalumeau
Crédit Photo : Studio Bisson

L’humidité contenue dans le bois est alors libérée, ce qui le rend très résistant !

C’est seulement depuis les années 2000 que des pays comme le Canada ou les pays scandinaves remettent cette technique au goût du jour. Aujourd’hui, la technique au chalumeau est plus communément utilisée pour le même rendu tout en veillant à ne pas dénaturer le Shou Sugi Ban originel.

 

Quelles finitions pour le bois brûlé ?

 

Plusieurs procédés et essences de bois sont envisageables pour procurer à la matière cet aspect carbonisé, mais c’est le cèdre (Sugi) qui est principalement utilisé par les artisans pour sa réaction particulière au contact de la chaleur. Pour l’ensemble de ces techniques, la finition aura tendance à différer selon des variables que sont : le degré de combustion, la force du brossage ou bien l’application d’un enduit.

 

Les différents rendus possibles : 

 

De nombreux facteurs permettent d'obtenir une palette d’effets très large et une variation de tons de brûlage de bois très intéressante. L’intensité du feu par exemple permet de maîtriser sa coloration finale, les essences employées permettent de choisir la finition (cèdre, douglas, chêne, pin…). Et enfin, le débit, c'est-à-dire la méthode de sciage qui offre plusieurs possibilités (soit dosse ou quartier). Il est possible de travailler avec ces différents facteurs et d’explorer les multitudes de possibilités liées à cette technique japonaise. À vous de tester et de trouver l'esthétique qui convient le mieux à votre intérieur ou extérieur ! 

Les différentes finitions du bois brûlé

Les différentes finitions

Crédit photo : peintures-tendances.com

 

Les avantages du Shou-Sugi-Ban

 

En plus d’avoir un rendu très intéressant et original, les avantages de cette technique sont sous-estimés. Voyons ensemble les principaux bénéfices de cette pratique sur votre bois.

Autrefois utilisé pour pallier les intempéries, le Shou Sugi Ban s’inscrit aujourd’hui dans une démarche de respect de l’environnement.

  • Sa durabilité : 

    Son espérance de vie est allongée grâce à la couche carbonisée qui vient le protéger (une estimation à plus de 80 ans). 

  • La résistance du bois :

    La matière est ainsi moins impactée par les dégradations habituelles qu’elle peut subir comme les intempéries (l’eau, l’humidité, les rayons UV, et bien d’autres…).

  • Son entretien :

    Très bonne nouvelle, aucune utilisation de produits chimiques ou de traitements n’est nécessaire sur du bois brûlé. Il devient en effet très résistant notamment à la moisissure et à l’oxygénation. Un vrai avantage économique, n’est-ce pas ?

  • Un gage d’imperméabilité :

    La carbonisation solidifie le bois, ce qui rend la planche imperméable et résistante à la moisissure. Elle devient hydrophobe grâce à l’huile de finition.

  • Une protection face aux insectes :

    La surface carbonisée crée une protection contre les nuisibles (une vraie solution contre les termites et autres insectes qui détestent le bois brûlé).

  • Et enfin, son esthétique :

    Comme vu précédemment, il est possible de réaliser différentes colorations, différents aspects du bois qui peuvent être très intéressants.

Alors convaincu ? Écologique, résistant, durable, protecteur et décoratif, quoi de mieux pour la réalisation d’éléments extérieurs en bois massif.

 

Deux belles réalisations avec la technique du bois brûlé :  

 

Dans les intérieurs contemporains ou les maisons de campagne, le revêtement mural en bois brûlé fait des ravages. Voici deux maisons construites au Japon qui ont retenu notre attention.

 

YAMANONE NO IE

PAR FUDO

Une maison au pied d’une montagne dans la ville de Kamakura et qui s’adapte à son terrain si unique. Sa forme et ses murs noircis s’associent parfaitement aux montages environnants. 

Crédit Photos : @Yohei Sasakura

https://www.archilovers.com/projects/301021/yamanone-no-ie.html

 

SETOYAMA HOME

PAR MORIYA AND PARTNERS

Encore une belle réalisation qui s’harmonise avec son espace. La villa s'est intégrée à l'environnement, de sorte qu'elle semble comme enfouie dans la forêt. A l'intérieur comme à l'extérieur, la structure en bois brûlé apporte un très beau rendu et une finition haut de gamme. Sans oublier la vue imprenable depuis l'intérieur du logement.

Crédit Photos : @Gen Inoue

https://www.archilovers.com/projects/302034/setoyama-home.html

 

En intérieur aussi on veut du Shou-Sugi-Ban !

 

Comme vous avez pu le voir sur ces deux précédentes maisons, le bois brûlé ne s'utilise pas qu’en bardage extérieur. Il peut être utilisé certes comme un élément architectural, mais ce rendu est devenu désormais élément incontournable de décoration d'intérieur.

De nombreux architectes, designers et artistes se sont essayés à cette discipline aux variations infinies. Un vrai jeu d’enfant ! On y va pas à pas, on brûle et gratte plus ou moins, pour obtenir une large palette de noirs. En brossant le bois, la surface s'adoucit comme de la peau et on se débarrasse ainsi de tous les résidus de bois brûlé. Cette technique anoblit les matériaux et fascine par les noirs profonds qu’elle suscite. 

Notre conseil : associer une belle table en bois massif noir avec des mobiliers plus clairs pour adoucir votre déco. 

Le mobilier en bois brûlé
Crédits Photos : 1 / @
caroline.andreoni - 2 / @brut.et.vegetal - 3 & 4/ @noir_de_bois

 

Contrairement à ce qu’on s’imagine, un bois correctement brûlé n’a pas de résidus et ne laisse pas de traces de charbon. Vous pouvez sans crainte utiliser ce procédé sur vos meubles sans risquer de salir son intérieur !

 

Conclusion

À la fois utile et esthétique, cette technique est idéale pour donner un peu de cachet à votre extérieur comme à votre intérieur. Le bois brûlé a l’avantage d’avoir de multiples facettes et n’est pas restreint à un seul style d’architecture. Il est utilisé aussi bien pour les maisons traditionnelles que pour les maisons contemporaines, les murs de façade, les terrasses, les cuisines ou encore du petit mobilier.

Que pensez-vous de cette technique, vous aimez le rendu ? Nous, on est séduit.

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